Jean François Louidenot, plus connu sous le nom de LJF, est un artiste haïtien originaire de Limonade et ayant grandi à Séminaire, une localité de la commune de Limbé. Actuellement étudiant en Arts Visuels à la Faculté des Arts et des Sciences de l’Education du Campus Henry Christophe de l'UEH à Limonade, il s'impose comme l'une des figures montantes de la scène artistique haïtienne.
Dès son plus jeune âge, LJF développe une passion pour l’art, notamment le dessin au crayon graphite, où son imagination puissante ne cesse d’étonner. Il y a seulement trois ans, il se lance dans la peinture et adopte le courant surréaliste, un choix qui lui permet de traiter des thèmes en rapport à la réalité du pays. Son talent ne tarde pas à être reconnu : il est sacré champion, deux fois consécutives, de deux concours de peinture – l’un organisé par l’OGDNH en partenariat avec Historic Haiti, et l’autre par Bozar-Cap.
Oui, LJF a remporté le Concours de Jeunes Peintres !
Ce jeudi 27 février 2025, il a remporté le Concours de Jeunes Peintres tenu à Cap-Haïten. En matière de performance artistique, LJF n’est pas à son premier sacre. Mais le jeune prodige se sent particulièrement honoré d’avoir remporté ce dernier trophée. « Car ce concours était un grand défi pour moi ; c’était une occasion de mettre en évidence ma créativité et mes compétences », dit-il. Animé d’autant de fierté que de passion, il considère ce prix comme un signe de reconnaissance pour ses sacrifices et une source de motivation pour l’aider à accomplir de plus grandes merveilles à l’avenir.
Pour remporter ce prix, chaque concurrent devait présenter une œuvre autour du thème « Nos racines vivaces, profondes et nombreuses ». Un thème qui demande beaucoup de réflexions et de recherches relatives à l’histoire et la culture haïtienne, afin de mettre en relief comment nos racines peuvent nous servir de bases solides pour nous retenir fermes malgré toutes les circonstances malencontreuses auxquelles nous faisons face de nos jours. En effet, pour se démarquer et mieux toucher les cœurs, le peintre a dû allier histoire et culture haïtienne pour mettre en valeur l’identité du peuple haïtien, héritée de nos traditions ancestrales. « Mon œuvre représente, de manière profonde et vivante, la culture et l’histoire qui continue de se renforcer malgré les réalités difficiles que connaît notre peuple », explique-t-il.
Cependant, gagner ce concours n’est pas une fin en soi pour le passionné de l’art. Il confie qu’il travaille actuellement sur divers autres projets, notamment « Yon ti limyè sou kilti ayisyen an », une exposition qui vise à mettre en valeur les aspects intéressants de la culture haïtienne, pour ne citer que celui-là, sans oublier d’autres collaborations avec divers autres artistes, dans le but de promouvoir l’art haïtien.
 |
Le Tableau
|
Et si l'œuvre pouvait parler ?
Et si l’œuvre pouvait parler, nous ferions face à deux cas : soit nous nous perdons dans un labyrinthe, soit un labyrinthe se dessine en nous.
Des cales du négrier, de Mackandal, du tambour assotor, de la cérémonie du Bois Caïman, des vèvès de Milokan, d'Erzulie Fréda, de Damballa, de Kouzen Zaka et de Mèt Agoué, des hauts-reliefs, du sacré nègre marron, de Boukman, de Toussaint Louverture, de Jean-Jacques Dessalines, des racines, du tronc de l’arbre de la liberté des Noirs, devons-nous nous attendre à une voix douce ou à un coup de tonnerre ?
Du bien-mal, du pâle-foncé, du simple-complexe, du yin-yang, de tout ce qu’aucun œil humain ne saurait décrypter, ce tableau parle, mais il ne veut que personne ne prenne le risque d’aucune tentative de l’expliquer, d’aucune folie à explorer ce que la muse a dirigé de son plein gré. Ainsi soit-il !
Chaque Génie n'a qu’un siècle, LJF s’en est approprié dix (...)
À qui dédie-t-il ce Prix ?
Ce prix, le champion le dédie tout d’abord à la femme haïtienne qu’il considère comme sa principale source d’inspiration. Il le dédie spécialement à sa mère, qui ne cesse de le supporter depuis le début ; ainsi qu’à sa chère amie Daïka, actuellement étudiante en sage-femme, qui était toujours là pour l’inciter à faire de son mieux. « Daïka est la première personne qui m’a encouragé à essayer la peinture. Et elle est prête à tout pour m’aider à me perfectionner, elle ne me donne plus le droit au découragement », confie-t-il d’un air reconnaissant. Enfin, il dédie le prix à tous ses proches qui ont toujours cru en lui et qui n’ont jamais cessé de l’encourager.
À cette occasion, le champion en profite pour rappeler à tous les jeunes artistes, particulièrement aux étudiants en beaux-arts du CHCL, qu’ils sont tous des prodiges bourrés de talents et qu’ils ne doivent jamais se laisser décourager. « Je crois que l’art est un outil important pour changer le monde. Donc ne vous sous-estimez pas. Ravivez votre passion et travaillez dur pour faire la différence », affirme-t-il avec assurance.
Et finalement,
Peintre et sculpteur engagé, LJF veut utiliser l’expression artistique pour transmettre des messages sur la culture et la société haïtienne. Pour lui, l’art dépasse le simple cadre de la création personnelle ; il devient un outil de sensibilisation et de transformation sociale.